MADAME BUTTERFLY
Une tragédie japonaise, certes, mais humaine avant tout. Celle d’une femme, Cio-Cio-San, plus forte qu’il n’y paraît, à la richesse intérieure qui la mènera irrémédiablement au suicide.
Pourquoi ce geste ? Voilà toute la question.
Une femme qui a fait face avec courage à la ruine familiale, au suicide du père, et qui a cru aveuglément à l’amour d’un étranger - il faut bien l’avouer pour échapper au déshonneur de l’état de geisha – cette femme élève un fils illégitime, coupée de son terreau et de sa famille, renonce à sa religion et à sa culture. Une succession de choix difficiles qui signe bel et bien sa force et son courage : ceux d’une vraie héroïne qui décide finalement de renouer tragiquement avec ses origines par le suicide – le seppuku rituel. Choisir la mort pour se retrouver.
Dans un décor qui évoquera un Japon tout en symboles et suivra les bouleversements psychologiques de Cio-Cio-San, de la rêverie aux reliefs escarpés de la dure réalité, nous assisterons à l’affrontement de deux mondes. Celui de Pinkerton, occidental insupportable de supériorité assumée et celui d’une femme fascinée par l’Amérique, papillon piégé dans une vie de combats. Nous serons bien à Nagasaki mais plus encore dans le cœur déchiré d’une femme d’une rare dignité.
Pierre Thirion-Vallet, metteur en scène